Chronique : TY SEGALL – Sleeper

Sleeper

  • Etats-Unis / Août 2013 / 10 titres / 36:01
  • Label : Drag City
  • Genre : folk/garage rock
  • Format : album CD digisleeve
  • Autres formats disponibles : vinyle standard LP noir, K7, téléchargement (MP3 ou FLAC)

Ty Segall n’a plus besoin des réseaux sociaux. Et puis de toutes les façons le blondinet californien est très occupé. Pas du genre à enfiler les perles mais plutôt à usiner du garage rock avec une insolente facilité. Troublé et éprouvé suite à la mort de son père adoptif, il trouve malgré tout le moyen de composer dix nouvelles chansons. Mais cette fois pour y parvenir il a débranché la guitare et s’est enfermé dans sa piaule. Et voilà un nouvel album plus calme et personnel, pop mais néanmoins poignant.

Dès les premiers accords de guitare acoustique l’atmosphère est pesante (« Sleeper »). Ty est désorienté et se perd dans ses rêves. Le sentiment d’urgence est prégnant, au-delà de la spontanéité et de l’immédiateté auxquelles le rocker nous a habitué. De son propre aveu, le processus de composition a fait office de thérapie. Avec sa voix d’adolescent, bravant la tristesse, il gratte gaiement et dégage une puissance extraordinaire. Son talent nous hypnotise au fil d’irrésistibles chansons posées là, hors du temps.

De la classe américaine à la classe internationale

Entre onirisme et claustrophobie, la tête de poupon se débat sur les trois premiers titres, avant de faire surface sur « The Man Man » : l’explosion électrique finale est une renaissance. Un des grands moments de l’album. Un simple sursaut cependant, puisque « She Don’t Care » (sa mère… à propos de la mort de son père) lui succède, pièce la plus sombre bien qu’aérée par un refrain faussement naïf. Sublime. Cette fois ça y est, Ty a craché le morceau.

La deuxième partie de l’album traduit un réveil progressif, un retour au monde. La mort reste présente, mais l’esprit retrouve peu à peu de la clarté. La vie reprend son cours. Les violons présents sur « Sleeper » et « She Don’t Care » ont disparu. On retrouve par moments la patte Ty Segall – alliage entre grunge désabusé et insouciance californienne (« Sweet C.C. ») – tout comme ses tendances psychédéliques (« Queen Lullabye » hantée par un drone électrique).

Mais c’est toute l’histoire du rock qui défile à l’écoute de Sleeper. Ty Segall s’est enfermé dans sa chambre, mais pour sortir du garage californien et se révéler songwriter de classe internationale. Héritier actuel des Beatles, de Bob Dylan ou de Tyrannosaurus Rex, le bonhomme réussit tout, se payant le luxe de clôturer son album par une superbe ballade country (« The West »). Le rocker total.

___9/10___

Artwork et textes : Bel artwork réalisé par Denée Petracek évoquant le sommeil, le rêve mais aussi la confusion. Les textes ont pour toile de fond la mort du paternel et la brouille avec la mère. Simples et beaux. Parfois durs, mais sans haine. Ils figurent sur deux pages (fac-similé des manuscrits), malheureusement de façon incomplète.

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