C’est dans le très underground et très enfumé Raymond Bar (qui n’est pas un bar d’ailleurs) qu’il nous a été possible de voir Ventura pour la première fois – enfin! Oui car F&D ne cache pas son admiration pour ce groupe, tu l’as probablement remarqué si tu suis le blog sur les réseaux sociaux. Les suisses ont beaucoup fait parler d’eux cette année avec Ultima Necat, fabuleux troisième album qui a allumé le brasier…
La soirée débute avec une surprise, puisque Enfant Sauvage (Clermont-Ferrand) ne fait pas dans la musique saturée : il s’agit d’un mec seul avec sa guitare folk. Longues et difficiles d’accès (structures math, tapping super aigu suivi de courtes explosions, chant en anglais ponctué de quelques mots de français), ses chansons s’avèrent toutefois captivantes. Dans un style hyper casse-gueule, nu et solitaire, Enfant Sauvage met du coeur à l’ouvrage, en particulier lors d’envolées emo convaincantes. Malgré une ou deux absences pendant le set, on conclut qu’il faut le suivre et l’encourager.
Arrivent ensuite les Birmingham (Clermont-Ferrand) que nous découvrons alors qu’ils jouent ce vendredi devant « leur » public. Bon déjà c’est bête mais on kiffe le nom. Ça sent le charbon, le heavy metal et Napalm Death. Ça colle bien avec le lieu. Le groupe joue un post-hardcore atmosphérique qui évoque Cult Of Luna ou Amenra. Mais ne réduisons pas ce groupe à un simple suiveur, et Isis sait combien il y en a eu, des suiveurs.
Le son du trio n’est pas aussi massif et léché que dans des formations « post » traditionnelles, composées d’au moins quatre musiciens (dont deux guitaristes). Ainsi les Clermontois montrent d’autres qualités : un son brut, un batteur précis qui frappe le plus fort possible, un chant torturé (intelligemment relayé par un chant death sur « REM Part I »). On ressent une urgence et une agressivité noisecore peu communes pour ce type de musique. L’intensité, elle, est au rendez-vous. Et sans doute le plus important : la qualité des compositions. Tu peux vérifier tout cela sur leur premier EP 4 titres qui vient de paraître (en écoute ici et disponible en CD).
Enfin, Ventura (Lausanne) prend place. Evacuons tout de suite la seule ombre au tableau : le chant pas très audible lorsque les guitares et la basse balancent le très gros son. Mais bon on était au premier rang. C’était assez prévisible vu la tornade sonore reçue en pleine poire. Pour le reste, on est désolé mais on va devoir faire le fan de base. Embarrassant car on n’est pas face à des rock stars. On verserait dans le dithyrambe si on pouvait. Quelque chose de plus classe quoi… Mais bon.
Ventura aime bien dérouter : après l’introductif « About To Despair », on rentre directement dans le dur avec « Corinne ». Il faudra attendre pour « Little Wolf ». D’ici là que du lourd du lourd de l’intense du magnifique, jusqu’au bout. Maintenant qu’Olivier (guitariste live) a rejoint le groupe, le déluge de guitares peut emporter la scène et son public.
Pas de bateau pour s’en sortir et c’est tant mieux. Fermons les yeux et n’ayons pas peur de se noyer, on pourra respirer entre les morceaux. Oui parce qu’à la manière de groupes post ou shoegaze, Philippe (guitare/chant) fait ses réglages avec minutie entre chaque morceau, et ça prend un peu de temps. Il invoque avec un humour flegmatique la lenteur suisse (il n’en fallait pas tant pour susciter de veilles blagues dans l’assistance), tandis que ses acolytes déconnent et se marrent. Et ouais, en plus ils sont sympas et drôles. En revanche question son ça ne rigole pas : beau, surpuissant, impeccable. Guitares-basse-batterie on prend notre pied.
Si tu ne le sais pas encore Ventura joue un noise rock dans lequel le son fracassant se marrie avec un chant doux et faussement innocent. Les morceaux sont généralement assez courts et plutôt directs (sauf le fantastique « Amputee » – point d’orgue de la soirée), mais trimbalent une espèce d’énergie désespérée, un drôle de moteur qui carbure à l’insolence, l’humour, et la mélancolie. Très XXIème siècle finalement. Si tu n’as pas compris et bien sache que la grosse disto et les larsens sont au service de la finesse.
Le gros son nous arrache la nuque. Les mélodies épiques, à grand renfort de vibrato (« Exquisite & Subtle »), nous transportent jusqu’au finish écrasant de « Little Wolf ». Pas de rappel, c’est pas trop dans l’esprit. Pas de « Ananasses » non plus (morceau-titre décalé du tout nouvel EP). Pas grave car le set était consistant : l’intégralité de Ultima Necat, et les meilleurs morceaux de We Recruit! On aurait signé de suite.
That was Ventura, and nothing else mattered.
Ventura setlist : About To Despair Corinne Nothing Else Mattered Twenty Four Thousand People With Ifs Exquisite & Subtle Body Language Intruder Amputee Very Elephant Man Why Are You Not A Coin Brace For Impact Little Wolf
Putain cette claque Ventura! « With Ifs »! Merci pour la chronique lue sur le tard, je le passe à la radio sous peu. Ils passaient pas loin en plus… En effet, ça doit être une sacrée claque sur scène.
Oui grosse claque en effet! Quelle radio, par curiosité? Cette année côté Suisse y a Impure Wilhelmina qui déchire… Merci pour le com’!
Joli report, ça fait envie !
Merci ;-). Quand on est enthousiasmé c’est tout de suite plus facile!
De rien 😉
Je reviens en coup de vent pour plus de précisions sur les dates:
24/11 Papaye (source Kythibong)
29/11 Enablers / Poutre / Bancal (source Raymond)
15/12 Electric Electric / Fordamage (source Kythibong)
Concernant Fordamage, il s’agit de leur dernière tournée, le groupe se sépare après ça, chacun vacant à ses projets parallèles, mais avec ce dernier tour, ça se fait dans le sourire et avec des inédits jamais joué en live, bref une soirée ou une tournée à ne pas manquer !
C’est noté! Ça va être chaud pour venir mais on essaiera. Déjà ce soir Moodie Black c’est pas mal.
C’était effectivement une super soirée et effectivement pour le set de Ventura la voix était un peu faiblarde, ça arrive de temps en temps, c’était la même chose pour Pord en novembre l’année dernière, en dehors de ça, en terme de soirée, comme d’hab’ chez Raymond y’a bon ! Prochains concerts à venir d’ici novembre et décembre: Papaye, Electric Electric, Fordamage, Poutre, Enablers…bref une belle série de mornifles soniques en perspective.
Oh là là du très bon en perspective au Raymond, merci pour l’info!