Chronique : THE RODEO IDIOT ENGINE – Consequences

Consequences

  • France / Septembre 2013 / 11 titres / 36:08
  • Label : vinyle > Throatruiner (France), Black Lake (Ecosse) et Dingleberry (Allemagne) ; CD > Swarm Of Nails
  • Genre : hardcore post-chaotique
  • Format : vinyle standard LP « white with black haze »
  • Autres formats disponibles : CD digisleeve, téléchargement (MP3 ou FLAC)

« La douleur est mère de toute force. Toi, tu espères toujours que cela va me briser, me «corriger». Une demi-âme de ta trempe s’y serait brisée mille fois! Moi… de silex que j’étais, me voilà devenue diamant! » Ainsi parlait la maudite Helga au Prince Sternenhoch dans le bouquin de Ladislav Klíma.

Le deuxième album des basques de The Rodeo Idiot Engine requiert un peu de masochisme. Epuisé, tu penses abandonner quand discrètement surgissent vigueur et plaisir. Un sourire malin se dessine alors sur ton visage : tu as vaincuConsequences est l’un des albums les plus sombres et violents qu’on ait jamais écouté.

Unis par amour des Dillinger Escape Plan, les Rodeo ont fait beaucoup pour ressembler au mathcore initial des ricains. Avec Fools Will Crush The Crown (2011), ils ont introduit quelques évolutions post/screamo pour un résultat éprouvant mais digne d’intérêt. Ce nouveau disque marque une étape importante dans l’histoire du quintet : œuvre aboutie, cohérente, impressionnante. Bye bye les maths, les Rodeo font du Rodeo au risque de te briser les reins.

La ronce avance, inhospitalière et sauvage, mais généreuse

Ce qui frappe d’abord, c’est l’ahurissante performance vocale de Jérôme Indart : on a rarement entendu quelqu’un hurler (vomir?) à ce point dans un micro. Plus qu’un atout pour un groupe de hardcore. Ensuite : le son. Dans son studio lavallois, Amaury Sauvé (As We Draw) continue de régaler le hardcore hexagonal avec des productions brutes captant à merveille l’énergie de cette musique. On applaudit des deux mains le rendu de cet enregistrement live, là où d’autres se compliquent la vie pour rien.

La folle technique se découvre une âme au cœur d’une atmosphère noire, suffocante. Seuls les téméraires se sauveront de la noyade. On respire avec le magnifique « Masks » (rappelant Jacob Bannon période récente). Quelques étapes post nous sortent la tête de l’eau, sans pour autant dissiper l’inquiétant brouillard : le torturé « Gravel » (façon Amenra), ou les langoureuses nappes de guitare présentes dans les trois derniers morceaux. De rares mélodies font miroiter une porte de sortie (« Mass Grave »). Jeu rapide et imprévisible, virevoltes vertigineuses, ralentissements crasseux nous plongent dans le dur, l’âpre, le massacrant (« Consequences » ou « Zigeuner »).

Plus dense que Shora, plus violent que Converge, plus complexe qu’Orchid, The Rodeo Idiot Engine réactualise un genre musical qui a besoin de nouvelles références. En voilà des mecs sauvages. De véritables ronces. Avec de la patience tu en goûteras les fruits! Quels fruits?! Il faut plonger au plus profond, puis revenir à la lumière. Alors tu verras plus clair, plus loin.

___8/10___

Artwork et textes : la pochette d’Alan Billi (guitare) illustre parfaitement la plongée dans ce sombre tourbillon. Pas toujours très lisibles sur la sous-pochette, les textes sont noirs comme l’ébène, flirtent parfois avec la critique sociale et l’histoire.

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