Avant-propos : F&D est un blog essentiellement musical qui enlève de temps en temps ses écouteurs pour contempler le chaos du monde… Ah oui, aussi : F&D s’autorise une pincée de mauvaise fois.
Les conférences de presse d’après-match, ça peut être intéressant, même s’il vaut mieux avoir fait LV3 langue de bois pour tout piger : tu peux écouter l’analyse tactique de l’entraîneur, essayer de comprendre son coaching, juger du moral des troupes, être informé de l’état de santé de tel ou tel joueur. Les confs d’avant-match, elles, sont sans intérêt et flirtent fréquemment avec le ridicule. La tactique n’y sera pas dévoilée à l’avance (et puis quoi encore), pas plus que le 11 de départ. Avec un peu de bol tu auras des explications sur l’absence d’un joueur dans le groupe. Par contre on te servira gratis tout un tas de banalités. Et on se foutra bien de ta gueule de veau. Petit florilège de déclarations entendues au cours des deux derniers mois.
Acte 1 – RADAMEL FALCAO (ATTAQUANT A.S. MONACO) « C’est un match important mais qui n’est pas décisif. » avant le PSG-ASM du 22 septembre 2013
Une règle importante : aucun match n’est jamais décisif. Même quand tout le monde sait qu’il l’est. En l’espèce, tout le monde sait que Paris et Monaco sont au-dessus des dix-huit autres concurrents de Ligue 1, en termes de moyens humains et financiers. Décisif = « Qui décide; qui résout une difficulté, entraîne, tranche un débat » (Petit Robert). Alors comment définir un affrontement entre les deux principaux prétendants au titre de champion? Au-dessus de la mêlée, comment chacun des deux clubs a-t-il la possibilité de distancer l’autre? Par les confrontations directes bien entendu.
Résultat : 1-1
Mais aucun joueur pour reconnaître que le match sera décisif. Ça ne se fait pas. Même avant une finale de Ligue des Champions le mec hésitera à le dire. Il faut chercher à rejeter la pression sur l’adversaire, faire croire qu’on n’a « rien à perdre » et ignorer les responsabilités qu’un gros club doit assumer lors d’un gros match. On ne sait pas trop qui cela peut encore tromper mais bon… Zlatan Ibrahimovic et Falcao se sont illustrés au cours de la rencontre, les deux cadors inscrivant chacun un but. Preuve que l’enjeu était de taille. Mais comme il y a eu match nul, aucun club n’a pu distancer l’autre. Par conséquent c’est le match retour qui sera peut-être… décisif?
Acte 2 – ELIE BAUP (ENTRAÎNEUR OLYMPIQUE DE MARSEILLE) « A mes yeux c’est d’abord une histoire de cœur. » avant le OM-PSG du 6 octobre 2013
Avant d’affronter le rival n°1 ou d’entamer un derby, il faut servir la soupe aux supporters, en particulier à ceux qui vont au stade le couteau entre les dents. Et là, on fait appel à l’Histoire, on parle des valeurs du club, et bien sûr du respect des supporters. De toute évidence il n’y a pas que l’argent dans le foot, quoi de mieux qu’un « classico » (terme introduit pas les médias et non les supporters) pour le démontrer! Parfois des joueurs se trahissent avec le « c’est important pour les supporters », axiome comme tombé du ciel bien pratique pour le footballeur pro qui ne comprend pas très bien ce qu’il a de si spécial, ce match.
Résultat : 1-2
Du cœur, Elie Baup n’a pas donné l’impression d’en mettre beaucoup au cours de cette partie. Menant 1-0 à 11 contre 10 dès la 34ème minute, l’OM s’est lamentablement fait rejoindre au score avant de se faire crucifier par Zlatan sur penalty. Pas de réaction tactique, pas de folie, pas la flamme qu’on aurait dû voir briller dans les yeux des Olympiens à l’idée que oui, le match était gagnable. Et pourtant l’OM dispose de quelques attaquants qui en veulent. Non? Ah. Elle est bien loin la devise : « Droit au but ». Et pourtant c’est ça aussi l’Histoire d’un club. Son identité.
https://twitter.com/MichelPanini/status/391293173643091968Acte 3 – RAPHAËL VARANE (DÉFENSEUR ÉQUIPE DE FRANCE) « Il se remet en cause. Et c’est ce qu’il faut faire dans ces cas-là. » avant le FRA-AUS du 11 octobre 2013 et à propos de Karim Benzema
Là, c’est le journaliste qui se fout de ta gueule. Raphaël il ne va pas te dire du mal de Karim. Surtout qu’ils sont coéquipiers au Real de Madrid avant de l’être en Équipe de France. Le principe de solidarité (au mieux) fera qu’il faut toujours défendre le collègue en public. Ou, lorsque le mec sait que son partenaire a la tête dans le sceau, qu’il risque de craquer en lâchant une info, il se soumettra inconsciemment à l’omerta qui règne dans le milieu (au pire). Les questions relatives aux coéquipiers ouvrent la porte à une bonne grosse langue de bois (en général). Tout ça, le journaliste le sait. Il veut juste tester le jeune homme (Varane n’a que 20 ans). Voir si c’est un bon client.
Résultat : 6-0
Pour ce France-Australie amical, Benzema a la pression. Ou tout du moins on la lui met. Avant la rencontre l’attaquant en est à 1217 minutes sans marquer avec le maillot bleu. Beaucoup s’interrogent depuis un moment sur le mental du garçon et sa motivation. Pour retrouver les copains, pas de problème : le mec est toujours content, même après la défaite! En 2009, il avait reconnu, suite à un match contre la Roumanie : « Je n’avais pas forcément envie de jouer, envie de tout donner ». Bref, y a du passif et rien ne semble changer. Mais bon d’après Varane « il se remet en cause ». Tu vois rien? Un sourire en coin? Et oui, une farce avec de mauvais acteurs on te dit. Remise en cause ou pas il est désormais remplaçant le Karim.
Au moins après le match, des fois, ça peut partir en sucette. Merci le Djib’ pour ce grand moment. Lire la suite page 2…