Chronique : CREATIVE ADULT – Psychic Mess

Psychic Mess

  • États-Unis / Février 2014 / 12 titres / 42:58
  • Label : Run For Cover Records
  • Genre : post-punk/hardcore
  • Format :  vinyle standard LP « red/black » gatefold
  • Autres formats disponibles : CD, divers vinyles, téléchargement (MP3, FLAC, etc.)

Pendant que le premier album des Eagulls déchaînait la critique, les californiens de Creative Adult sortaient leur premier long play dans l’indifférence quasi-générale. Pourtant les fans de post-punk feraient bien de se pencher très sérieusement sur Psychic Mess, mystérieux disque qui n’est pas parvenu à surfer sur le mini buzz provoqué par le brillant single « Deep End ». Label inadapté? Public dérouté par la trajectoire de ces hardcore punks? Pochette (volontairement) ratée? Irrationalité du monde médiatique? Quoi qu’il en soit c’est une injustice.

D’entrée de jeu, la voix fantomatique de Scott Phillips – physiquement et artistiquement transformé après Life Long Tragedy – pose une ambiance envoûtante. Au fil d’un premier titre excellent (« Control My Eyes »), il ne tarde pas à déployer son nouveau répertoire, composé d’un harcèlement de plaintes post-punk, d’un phrasé faussement nonchalant (évoquant les râles d’un Sonic Youth), et de quelques fulgurances hardcore. Cette catatonie maintient une remarquable tension tout au long de l’album. Bien qu’engloutie par le duo guitare-basse, noyée dans une réverb coldwave, cette voix entêtante se révèle vite être l’âme du groupe.

Rêver d’un fantôme, s’affronter soi-même, même combat salutaire

Car oui il y a une âme qui s’accroche, malade, se dressant miraculeusement par-delà la brume sonore peaufinée par Efrim Menuck (Godspeed You Black Emperor!) et percée de vibrations noiserock, garage, et shoegaze. Les bases noise-hardcore du quatuor de San Francisco ont presque disparu dans cet épais brouillard, nonobstant quelques montées de testostérone (« Everyone Knows Everyone »). S’y dessine à présent un post-punk minimaliste, caractérisé par la dualité rage-détachement, parfois transpercé d’un goth-rock froid et obsédant (les accents Bauhaus de « Flash »).

Le Henry Rollins de In My Head apparaît, puis disparaît sous tes yeux incrédules. Le rêve et l’état de veille se confondent. Les fantômes se prennent-ils pour des vivants? Ou serait-ce plutôt l’inverse? Tu commences à sautiller, croyant pogoter avec des chimères à crête, puis c’est l’hypnose qui t’envahit, la dissonance qui te mystifie, quand soudain un break mélodique cause l’apaisement. Creative Adult : musique du soir ou du matin? De l’indignation ou du désespoir? Une introspection.

Pour nous déboussoler encore un peu plus, des ondulations psychédéliques tenteront de nous faire céder à la peur panique. L’instrumental Psychic Message s’y essaiera pendant quatre minutes, marche épique d’outre-monde à laquelle se raccrocheraient volontiers les haut perchés de Destruction Unit. La confusion règne, comme l’annonçait le titre. Aucune issue à la névrose avant un final shoegaze chaudement mélancolique, rencontre fraternelle avec la voix qui nous hante (« Haunt »). Des bruits industriels nous ramènent à la réalité crue. L’expérience était belle et fascinante.

___8/10___                    

Artwork et textes : Tu peux toujours dire que c’est de l’art brut ou que ça fait très punk… Nous on dit que cette pochette est affreuse. Entre psychose et mysticisme, les écrits de Scott Phillips sont reproduits dans le gatefold.

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